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Tous les travaux récents sur l'évolution des langues à l'époque historique ont abouti à montrer que le développement linguistique est chose complexe. A lire les manuels de linguistique historique, on a encore trop souvent l'illusion que tout se passe comme si la langue se transmettait purement et simplement de génération en génération, et comme si tous les changements résultaient de cette transmission constamment renouvelée. En fait, on sait maintenant que les sujets parlants appartenant à un groupe empruntent constamment le parler d'un groupe social voisin et que des ≪ emprunts ≫ de toutes sortes se superposent au parler maternel de chaque sujet, que souvent même des groupes entiers changent de langue. Il n'y a guère d'hommes qui ne se soucient de parler le ≪ beau langage ≫ de leur temps et qui ne soient prêts à abandonner pour un parler plus prestigieux celui de leurs ancêtres. Il résulte de là tantôt des innovations de détail et tantôt des changements de langue complets; mais sans cesse on imite la manière de gens qui sont censés ≪ bien parler ≫.
Pour les périodes préhistoriques de l'évolution des langues, on est libre de croire à un développement linéaire simple: les données manquent; mais à juger des périodes anciennes par ce que l'on peut observer en fait, il est devenu impossible de raisonner comme si le développement linguistique avait ce caractère de simplicité.
C'est par des particularités de vocabulaire que se caractérisent les langues littéraires de la Grèce. Si ces particularités ne sont pas partout les mêmes, du moins elles appartiennent partout aux mêmes types. En faisant la théorie de la littérature, c'est sur le vocabulaire qu'Aristote insiste en matière de langue, dans la Poétique, 1457 a 30 et suiv., et dans la Rhétorique, 1404 b et suiv.
La clarté de la langue courante ne suffit pas à la poésie; il lui faut une langue relevée, qui sorte de l'ordinaire: Aristote, Poét. 1458 a 18: λέξεως ἀρετὴ σαϕῆ ϰαὶ μὴ ταπεινὴν εἶναι, et Rhét. 1404 b I ὁρίσθω λέξεως ἀρετὴ σαϕῆ εἶναι. . . . . ϰαὶ μήτε ταπεινὴν μήτε ὑπὲρ τὸ ἀξίωμα, ἆλλὰ πρέπουσανʾ ἡ γὰρ ποιητιϰὴ ἴσως οὐ ταπεινή, ἆλλʾ οὐ πρέπουσα λόγῳ. Pour n'être pas plate, la langue poétique doit done différer de l'usage courant et avoir un certain caractère d' ≪ étrangeté ≫: Rhét. 1404 b 8 τὸ γὰρ ἐξαλλάξαι ποιεῖ σεμνοτήραν (la λέξιν) ὣσπερ γὰρ πρὸς τοὺς ξένους οἱ ἄνθρωποι ϰαὶ πρὸς τοὺς πολίτας τὸ αὑτὸ πάσχουσιν ϰαὶ πρὸς τὴν λέξιν. Διὸ δεῖ ποιεῖν ξένην τὴν διάλεϰτονʾ θαυμασταὶ γὰρ τῶν ἀπόντων εἰσίν, ἡδὺ δὲ τὸ θαυμαστόν ἐστιν.
On obtient cet aspect de la langue poétique en évitant en partie le mot propre, ϰύριον, et en se servant ou de mots étrangers à la langue courante, de γλῶτται, ou de divers precédés: Aristote, Poét.
Les Hellènes et les étrangers qui avaient accepté la culture hellénique étaient trop fiers de leur civilisation pour changer de langue. La conquête achéménide n'avait pas entamé la langue grecque en Asie Mineure. La conquête romaine, malgré la longue durée de l'empire et la puissance de son administration, n'a pas da vantage réussi à déplacer le grec dans le bassin oriental de la Méditerranée; c'est que le grec est demeuré pour les Romains une langue de civilisation, que les gens cultivés tenaient à savoir. En Sicile et en Italie, où le grec n'avait jamais occupé que les côtes sans pénétrer avant à l'intérieur, et où d'ailleurs les parlers locaux n'appartenant pas pour la plupart à l'ionien-attique, n'offraient pas la force de résistance de la grande ϰοινή hellénistique, le grec a fini par s'éliminer — les traces qui semblent en subsister dans des parlers de quelques misérables localités de la Calabre ne sont en tout cas que des curiosités —; mais ni dans la Grèce continentale ni en Asie, le grec n'a subi de diminution du fait du latin.
Le fait est d'autant plus frappant que, dans les régions voisines, mais où le grec n'avait pas pénétré, en Illyrie et sur le Danube, le latin s'est installé et que même les invasions slaves n'ont pas réussi à l'en chasser complètement: les parlers romans d'Illyrie n'ont disparu tout à fait qu'il y a quelques années; l'albanais est si plein d'emprunts au latin que les romanistes, en faisant la grammaire comparée des langues romanes, en doivent faire état, et le roumain est encore complètement vivant sur un domaine étendu.
Quel que soit le parler grec moderne qu'on étudie, on constate qu'il repose non sur le parler particulier de la même région dans l'antiquité, mais sur la ϰοινή. Même une île comme Lesbos, qui a eu un parler propre, une littérature et des inscriptions officielles dans ce parler, ne présente aujourd'hui aucune trace de l'ancien éolien, et c'est à peine si dans la forme de quelque nom de lieu y transparaît encore la trace d'une particularité éolienne. La seule région de la Grèce où s'observent de menus restes d'un dialecte antique dans le parler d'aujourd'hui est le Péloponnèse; sur la côte sud-est, le parler tsaconien présente plusieurs traits qui sont des survivances de l'ancien laconien. Le maniote a aussi des traits qui semblent remonter à du dorien ancien. A ceci près, les parlers locaux ont disparu, et la langue commune a recouvert la Grèce entière. Il y a lieu de se demander quand et comment a eu lieu cette disparition des parlers.
Le problème ne comporte pas de solution exacte: les textes écrits donnent une idée de la langue dans laquelle sont rédigés les actes offciels et qu'admettent les personnes cultivées; ils ne révèlent en aucune mesure si les personnes qui écrivaient ou qui tenaient leurs discours publics en ϰοινή ne se servaient pas du vieux parler local dans leur maison, ni surtout si les gens du peuple, si les habitants de la campagne ne gardaient pas leur patois local.
La métrique grecque appartient au même type que la métrique védique. Dans toutes les deux, l' ≪ accent ≫ propre des mots, — accent de hauteur, ton, et non accent au sens moderne, élévation de la voix ayant une valeur sémantique et non renforcement servant à fournir un centre au rythme, — qui n'était donc en rien comparable à l'accent de l'allemand ou de l'anglais par exemple, ni même de l'italien ou du français, et qui n'exerçait ni sur la quantité ni sur le timbre des voyelles aucune action, n'intervient pas, et la répartition des syllabes oxytonées ou barytonées est dans les vers chose indifférente. Dans toutes les deux, le vers n'est défini que par son étendue et par des alternances de syllabes longues et de syllabes brèves, compte tenu de la fin de mot qui dans les anciennes langues indoeuropéennes avait une valeur spéciale: la métrique est quantitative; le rythme n'est fondé que sur des alternances de syllabes de quantités différentes, comme on doit l'attendre d'après ce que l'on sait de la structure quantitative, et non accentuelle au sens moderne du mot, de l'indo-européen commun.
La prosodie, c'est-à-dire l'ensemble des règles suivant lesquelles se définissent les syllabes longues et les syllabes brèves, est la même en grec et en védique. Est longue toute syllabe dont l'élément vocalique est long, ce qui arrive quand cet élément est soit une voyelle longue soit une diphtongue; est longue également toute syllabe où une voyelle brève est suivie de deux consonnes.