De toutes les langues littéraires grecques la plus difficile à apprécier est la plus ancienne, la langue homérique.
Tout d'abord il est impossible de constituer un texte d'Homère qui puisse passer pour authentique. Les philologues de l'époque hellénistique ont disposé, pour établir leurs éditions, d'éditions antérieures, les unes personnelles, ϰατʾ ἄνδρα, les autres officielles, ϰατὰ πόλεις; mais ceci montre simplement que, dès une date ancienne, le texte était divers, et qu'on a éprouvé de plusieurs côtés le besoin de fixer un ouvrage qui servait de base à l'éducation littéraire des jeunes gens. Les fragments de papyrus qui ont été découverts et qui ont fourni des textes souvent assez différents du texte traditionnel — mais rarement meilleurs, et surtout rarement plus archaïques — ont confirmé que le texte des poèmes homériques était flottant. Il paraît y avoir eu à Athènes à l'époque des Pisistratides une revision des poèmes homèriques; mais malgré quelques atticismes du texte traditionnel, il n'en résulte pas que tout le texte conservé vienne de là, ni surtout qu'il n'y ait pas eu de fixation antérieure des poèmes homériques.
Du reste par le fait qu'on ne sait ni comment les poèmes homériques ont reçu leur rédaction d'ensemble, ni où et comment ils ont été fixés, ni dans quelle mesure les auteurs des fixations se tenaient pour libres de choisir, de supprimer, d'étendre et de modifier, le problème d'une édition définitive d'Homère échappe à toute formule: éditer un texte, c'est donner, dans la mesure du possible, le texte originel tel qu'il a été publié lors de sa première édition définitive, tel que l'auteur a voulu le constituer, ou tel qu'un éditeur posthume l'a constitué; or, on ne sait ce qu'aurait été cette édition homérique initiale. qu'il faudrait reproduire, ni où, ni quand, ni comment elle aurait été faite.