La constitution de la ϰοινή est la conséquence de faits historiques.
La structure politique de la Grèce antique repose sur l'autonomie de la cité, de la πόλις, ou tout au plus de petites fédérations de cités, comme la fédération béotienne ou la fédération thessalienne, dans lesquelles du reste chaque cité gardait encore une certaine indépendance. A cet égard, la Grèce antique continuait l'état de choses indo-européen où chaque chef avait son autonomie.
Durant la période ancienne, la vie grecque n'avait pas le caractère urbain. Certaines cités doriennes, qui ont gardé un type archaïque, n'ont jamais comporté de villes proprement dites: Sparte n'était qu'un gros village. C'est en Ionie, notamment en Ionie d'Asie, qu'apparaissent les vraies villes et que le mot πόλις, qui avait d'abord désigné la forteresse d'un groupe d'occupants du pays, on l'a vu p. 108, a été affecté à la désignation de tout ce qui s'est progressivement établi autour de ce réduit central. En étendant ainsi son sens, le nom de πόλις a continué à désigner le centre d'un groupe de population, le point où étaient ses dieux et le lieu des réunions politiques.
Chaque πόλις ainsi définie était un petit État indépendant: c'est une situation comparable à celle qu'on observe en Europe du Xe au XVe siècle, à ceci près qu'il n'y a ni souvenir d'une unité comparable à celle de l'Empire romain, ni religion une, ni système féodal, ni grands royaumes qui tendent à se constituer.