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Le Canada dans le développement du mécanisme de règlement des différends du GATT et de l’OMC: l’engagement historique d’un acteur essentiel

Published online by Cambridge University Press:  12 November 2025

Gabrielle Marceau
Affiliation:
Professeure auxiliaire à la Chaire Hyman Soloway en droit des affaires et du commerce, Université d’Ottawa, Canada; Professeure honoraire, Université de Genève , Switzerland
Antoine Comont*
Affiliation:
Doctorant contractuel, Centre de recherche et de documentation européennes et internationales, Université de Bordeaux , France; chercheur associé à la Chaire de recherche sur les nouveaux enjeux de la mondialisation économique, Université Laval, Quebec City, Canada
*
Corresponding author: Antoine Comont; Email: antoine.comont@fd.ulaval.ca

Résumé

Cet article examine l’important rôle du Canada dans le développement du mécanisme de règlement des différends de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, puis de l’Organisation mondiale de commerce. Face à un système initialement bloqué par le consensus, le Canada a œuvré dès les années 1980 à sa transformation en un cadre plus contraignant, transparent et juridictionnalisé. Ses propositions ont influencé les réformes du cycle de Tokyo, la réforme intérimaire de 1989, et ont été intégrées aux négociations du cycle d’Uruguay. Le Canada a notamment été moteur dans la juridictionnalisation de la procédure de règlement des différends, dans l’instauration du consensus inversé et dans la création d’un organe d’appel. Depuis 1995, le Canada demeure un acteur actif de l’Organe de règlement des différends par sa participation à de nombreux différends et par la présence d’experts canadiens dans les panels et à l’Organe d’appel. Face à la paralysie actuelle de ce dernier, le Canada a initié des solutions provisoires telles que l’Arrangement multipartite pour une procédure arbitrale d’appel provisoire et il continue de jouer un rôle moteur dans les négociations en cours sur la réforme du mécanisme, combinant attachement au multilatéralisme et pragmatisme. Son engagement illustre une volonté constante de défendre un système commercial multilatéral fondé sur la règle de droit et prévisible.

Abstract

Abstract

This article examines Canada’s important role in the development of the Dispute Settlement Mechanism of the General Agreement on Tariffs and Trade and, later, the World Trade Organization. Faced with a system initially blocked by consensus, Canada worked from the 1980s onwards to transform it into a more binding, transparent, and judicialized framework. Its proposals influenced the reforms of the Tokyo Round and the interim reform of 1989 and were incorporated into the Uruguay Round negotiations. In particular, Canada has been a driving force in the judicialization of the dispute settlement procedure, the establishment of reverse consensus, and the creation of an appellate body. Since 1995, Canada has remained an active participant in the Dispute Settlement System through its involvement in numerous disputes and the presence of Canadian experts on panels and in the Appellate Body. Faced with the current paralysis of the Appellate Body, Canada has initiated interim solutions such as the Multi-Party Interim Appeal Arbitration Arrangement, and it continues to play a leading role in the ongoing negotiations on reforming the mechanism, combining a commitment to multilateralism with pragmatism. Its commitment illustrates a constant desire to defend a multilateral trading system that is based on the rule of law and is predictable.

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© The Canadian Yearbook of International Law/Annuaire canadien de droit international 2025

1. Introduction

Dès la mise en place de l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT) en 1947, la nécessité d’un mécanisme de règlement des différends efficace s’est imposée comme un enjeu central du commerce multilatéral.Footnote 1 Le système initial reposait sur le principe du consensus, donnant aux parties contractantes la possibilité de bloquer l’établissement et la composition d’un groupe spécial ou d’empêcher l’adoption des rapports qui leur étaient défavorables.Footnote 2 Ce manque de contrainte affaiblissait considérablement l’effectivité du mécanisme de règlement des différends.Footnote 3 Les grandes puissances commerciales, telles que les États-Unis et les Communautés européennes, utilisaient fréquemment leur influence pour contourner ou ignorer les recommandations des panels, érodant ainsi la crédibilité du système commercial multilatéral et favorisant le recours à des mesures protectionnistes unilatérales.Footnote 4 Cependant, pour le Canada et d’autres puissances moyennes, dont la prospérité économique dépend d’un commerce international stable et prévisible, il était crucial de renforcer un système multilatéral fondé sur la règle de droit. À partir des années 1980, les initiatives du Canada pour un mécanisme de règlement des différends plus contraignant et rapide se sont donc multipliées.

Cet article se propose d’examiner le leadership du Canada dans l’évolution du système de règlement des différends, en mettant en lumière ses contributions essentielles. Nous procèderons à une analyse en trois temps: d’abord son rôle dans les réformes du système sous le GATT jusqu’au cycle d’Uruguay, puis son influence dans l’élaboration et la mise en place de l’Organe de règlement des différends (ORD) lors du passage du GATT à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), et enfin, son engagement continu pour préserver l’efficacité du mécanisme et répondre aux crises actuelles que traverse l’OMC.

2. La contribution du Canada au renforcement du mécanisme de règlement des différends sous le GATT

D’après les dispositions initiales des articles XXII et XXIII du GATT de 1947, la résolution des différends reposait sur l’intervention collective des parties contractantes, qui devaient seules arbitrer les conflits surgissant entre certaines d’entre-elles.Footnote 5 C’est pourquoi, après la création du GATT en 1947, les procédures de règlement des différends ont progressivement été consolidées, notamment à travers la décision du 5 avril 1966 sur les procédures d’application de l’article XXIIIFootnote 6 ou le Mémorandum sur les notifications, les consultations, le règlement des différends et la surveillance du 28 novembre 1979 (Mémorandum de 1979).Footnote 7 Toutefois, les initiatives les plus notables ont émergé après le cycle de Tokyo (1973–79), conduisant à l’introduction de plusieurs changements fondamentaux.

A. Du cycle de Tokyo au lancement du cycle d’Uruguay (1979–86), le Canada face aux limites du mécanisme de règlement des différends sous le GATT

Si le cycle de Tokyo a permis d’établir des bases plus solides pour certaines disciplines commerciales, il n’a pas résolu tous les problèmes systémiques liés aux procédures de règlement des différends. Bien qu’il ait abouti à la signature du Mémorandum de 1979, son objectif se limitait à consolider les pratiques antérieures relatives aux obligations de notification, les procédures de consultations et la rapidité du règlement des différends.Footnote 8 Alors que la pratique générale restait qu’une partie contractante, y compris la partie défenderesse, pouvait bloquer la procédure de règlement des différends (établissement, composition des groupes spéciaux ou adoption des rapports), certains codes de Tokyo apportaient déjà des évolutions considérables en rendant obligatoires les procédures de règlement des différends, comme le code sur l’antidumping en vertu duquel “si une solution mutuellement convenue n’a pu intervenir dans un délai de trois mois […] le comité, à la demande de toute partie au différend, instituera un groupe spécial.”Footnote 9

Pour autant, au lendemain du cycle de Tokyo, les limites du règlement des différends sont devenues de plus en plus évidentes. Il faut dire que l’élargissement considérable du champ matériel du droit de l’OMC a contribué à démultiplier le recours aux procédures de règlement des différends.Footnote 10 Face aux limites des procédures de l’époque, la délégation du Canada, dans une communication d’avril de 1982, soulignait alors les efforts effectués durant les négociations du cycle de Tokyo pour consolider les mécanismes de règlement des différends du GATT, mais que “l’expérience récente donne à penser qu’il est nécessaire d’affiner et d’améliorer encore le système de règlement des différends afin qu’il continue de répondre aux besoins de toutes les parties contractantes.”Footnote 11 Trois mois plus tard, la délégation canadienne est revenue vers les autres parties contractantes avec une proposition visant à examiner cinq questions prioritaires: le dépôt en temps voulu des constatations des groupes spéciaux, la composition et le rôle de ces groupes spéciaux, le rôle du secrétariat, et l’adoption et la mise en œuvre des rapports.Footnote 12 Le Canada a notamment proposé une réévaluation de la compétence des membres des groupes spéciaux pour inclure davantage d’experts des capitales, et l’autre approche suggérée par Ottawa consistait à remplacer les groupes spéciaux ad hoc par un groupe permanent d’experts attaché au Secrétariat. Cette proposition visait à garantir que les rapports soient bien documentés, fassent autorité et soient adoptés plus rapidement. Cette idée, annonçait déjà le futur Organe d’appel (OA) qui sera mis en place avec la création de l’OMC.

Par la suite, les propositions canadiennes ont progressivement gagné du terrain et ont été intégrées aux négociations du cycle d’Uruguay.

B. La contribution du Canada dans la réforme intérimaire du mécanisme de règlement des différends à mi-parcours du cycle d’Uruguay (1986–89)

Malgré les avancées du cycle de Tokyo, les procédures restaient assujetties au consensus et vulnérables aux blocages politiques des grandes puissances. Le Canada, convaincu de l’importance d’un cadre plus contraignant et impartial, a joué un rôle moteur dans les négociations d’Uruguay, cycle lors duquel les Membres s’étaient donnés pour mandat “d’améliorer et de renforcer les règles et procédures de règlement des différends” “en vue d’assurer un règlement prompt et efficace des différends.”Footnote 13 Afin de favoriser une issue positive à ces négociations, le Canada s’est proposé comme hôte de plusieurs rencontres internationales, notamment la réunion ministérielle de Montréal en 1988.Footnote 14 L’ambassadeur John Weekes, représentant permanent du Canada auprès du GATT, soulignait à cette occasion que “l’économie mondiale était en pleine réforme, que les différends commerciaux se multipliaient et que le GATT devait se doter de processus décisionnels plus efficaces.”Footnote 15

En octobre 1988, un groupe de paysFootnote 16 a soumis un texte de travail visant à introduire plusieurs changements fondamentaux pour le mécanisme de règlement des différends du GATT. Footnote 17 La proposition la plus notable portait sur l’établissement des groupes spéciaux en jetant les bases du “consensus inversé.” Contrairement au consensus traditionnel ou “positif,” où une décision ne peut être adoptée que si aucun membre ne s’y oppose, le consensus inversé permet l’adoption automatique d’une décision, sauf si tous les membres présents s’accordent pour la rejeter.Footnote 18 Autrement dit, la proposition du Canada consistait à rendre automatique l’établissement d’un groupe spécial au plus tard lors de la réunion de l’ORD qui suivait celle où une partie intéressée en faisait la demande. De plus, réitérant une proposition qu’ils avaient déjà formulée en 1984,Footnote 19 ils suggéraient la création d’un roster et la possibilité de demander au directeur général de composer le groupe spécial si les parties intéressées ne parvenaient pas à s’entendre sur la sélection des experts dans le cadre d’un différend donné. Enfin, la proposition du Canada qui remontait aux discussions post-Tokyo relative à la qualité et la compétence des membres qui constituent les groupes spéciaux avait également été reprise dans les négociations d’Uruguay.Footnote 20

Une autre initiative importante portée dans ce document de travail concernait l’introduction d’un mécanisme de “surveillance multilatérale” et l’octroi d’un “délai raisonnable de mise en œuvre” pour garantir que les décisions rendues par les groupes spéciaux ne restent pas lettre morte. Ce dispositif de suivi visait à assurer la mise en œuvre effective des recommandationsFootnote 21 et à éviter que certaines parties contractantes ne contournent leurs obligations. Cette initiative s’inspirait directement d’une communication de la délégation canadienne qui datait de novembre 1984.Footnote 22 Cette proposition, bien qu’elle diffère du mécanisme finalement adopté sous l’article 21 du Mémorandum d’accord sur les règles et procédures régissant le règlement des différends (Mémorandum de 1994), a jeté les bases du suivi multilatéral qui caractérise aujourd’hui le règlement des différends à l’OMC.Footnote 23

Les discussions autour de ces propositions lors de la réunion ministérielle de Montréal en 1988 ont abouti à un projet de décisionFootnote 24 qui a été formellement adoptée en 1989Footnote 25 afin d’entrer en vigueur avant même la fin du cycle d’Uruguay. Le Mémorandum de 1994 a par la suite repris ces évolutions procédurales apportées en 1989. Cette réforme intérimaire avait permis un rapprochement avec les pratiques instaurées par certains accords issus du cycle de Tokyo, en particulier le code antidumping, qui prévoyait déjà un processus de règlement des différends obligatoire. L’automaticité de l’établissement des groupes spéciaux, combinée au renforcement du rôle du directeur général pour résoudre les situations de blocage dans la sélection des panélistes, devait mettre fin à la possibilité pour les parties contractantes de bloquer les procédures de règlement des différends. Toutefois, la règle du consensus demeurait pour l’adoption des rapports des groupes spéciaux, offrant ainsi toujours une dernière possibilité pour les parties contractantes de bloquer l’adoption des rapports qui leur étaient défavorables.Footnote 26

3. La contribution du Canada au renforcement du mécanisme de règlement des différends lors du passage du GATT à l’OMC (1989–95)

Cette partie revient sur les principales propositions du Canada qui ont abouti à la création de l’ORD qui demeure aujourd’hui encore une des pierres angulaires du système commercial multilatéral.Footnote 27 Le Canada, acteur de premier plan dans ces négociations, a activement œuvré pour l’instauration d’un système juridictionnalisé, automatique et contraignant, garantissant à la fois sécurité juridique et prévisibilité dans le règlement des différends commerciaux internationaux.

A. Les propositions du Canada dans une dynamique de judiciarisation du mécanisme de règlement des différends

En matière de règles et procédures de règlement des différends, les négociations d’Uruguay ont été marquées par une tendance à la judiciarisation.Footnote 28 Celle-ci a commencé lors de la révision intérimaire de 1989 avec le mécanisme de surveillance et l’établissement automatique des groupes spéciaux, puis s’est poursuivie jusqu’à la réunion ministérielle de Marrakech en 1994 qui a acté la création de l’OMC et de son ORD.

La contribution la plus novatrice du Canada aux négociations mena à l’élargissement du consensus inversé à la procédure d’adoption des rapports des groupes spéciaux, une évolution qui allait profondément modifier la dynamique du règlement des différends à l’OMC.Footnote 29 Si l’établissement des groupes spéciaux avait déjà été rendu automatique, l’adoption des rapports nécessitait toujours un consensus. Cette proposition de réforme qui a finalement été transposée dans le Mémorandum de 1994 garantit qu’un membre ne puisse avoir la possibilité de bloquer l’adoption des rapports défavorables, renforçant ainsi le caractère obligatoire et contraignant des recommandations.

Un autre jalon essentiel dans la réforme du règlement des différends découla de la proposition canadienne de novembre 1987, visant à créer un conseil dédié exclusivement au règlement des différends avec un président spécifique.Footnote 30 Cette initiative posa ainsi les premiers fondements de l’ORD. En structurant davantage le règlement des différends et en assurant une spécialisation accrue des instances chargées de leur résolution, cette réforme permit de professionnaliser et juridictionnaliser davantage le système, garantissant ainsi un cadre plus prévisible et efficace pour la gestion des litiges commerciaux internationaux.

En suggérant la création d’un organe spécial et en instaurant le consensus inversé, le Canada a contribué à renforcer l’efficacité et l’impartialité du système de règlement des différends, assurant ainsi une plus grande prévisibilité et stabilité du commerce international. Il a également marqué une avancée majeure vers la judiciarisation des procédures, en veillant à ce que les décisions ne puissent plus être entravées par des considérations purement politiques.

B. Les propositions du Canada pour contrer les (possibles) effets négatifs de l’adoption automatique des rapports des groupes spéciaux

La proposition pour l’automaticité dans l’adoption des rapports des groupes spéciaux soulevait une préoccupation majeure: que faire en cas de décisions juridiquement contestables ou insuffisamment motivées? Les négociateurs craignaient que certains rapports de groupes spéciaux, mal fondés ou mal argumentés, ne deviennent obligatoires sans qu’aucun mécanisme ne permette de corriger d’éventuelles erreurs. Conscient de ces risques, le Canada a proposé deux instruments complémentaires pour garantir la qualité et la cohérence des décisions rendues: un mécanisme de révision des rapports avant leur adoption définitive et la création d’un Organe d’appel.Footnote 31 Ces deux mécanismes avaient pour objectif de contrebalancer la force du consensus inversé, en offrant aux parties la possibilité de contester et de corriger d’éventuelles erreurs de droit ou d’interprétation.

Le mécanisme de révision proposé par le Canada visait à ajouter une étape permettant aux groupes spéciaux de clarifier leurs constatations ou de corriger les éventuelles erreurs d’interprétation ou de qualification des faits. Il offre ainsi une première opportunité aux parties au différend de prévenir des erreurs d’interprétation, des constatations erronées ou de clarifier certains points. Pour autant, dans la pratique, cette possibilité est devenue en grande partie une occasion de régler de petites questions factuelles, les pays gardant leurs arguments sur les erreurs juridiques du groupe spécial pour l’examen en appel.

L’autre pilier des propositions canadiennes pour garantir la cohérence et la prévisibilité des décisions fut la création d’un Organe d’appel permanent. L’idée d’établir un groupe d’experts permanent avait émergé dans les discussions dès 1982,Footnote 32 mais ce n’est qu’en 1990 que le Canada a formalisé l’idée d’en faire un organe d’appel. Le mécanisme d’appel a été conçu pour traiter les rares rapports de panel “fondamentalement viciés.” Le Canada a même suggéré que l’OA puisse décider de ne pas entendre un appel si le cas ne le justifiait pas.Footnote 33 Comme l’expliquait Elaine Feldman, l’objectif était de fournir un moyen de corriger les erreurs fondamentales dans l’interprétation des droits et obligations. Rétrospectivement, les parties n’avaient pas prévu que l’Organe d’appel soit en réalité utilisé pour la quasi-totalité des rapports des groupes spéciaux, souvent d’ailleurs pour des raisons de politique intérieure.

Si ces deux propositions ont depuis été consacrées par le Mémorandum de 1994,Footnote 34 elles avaient été reprises, dès décembre 1991 dans le Dunkel Draft. Footnote 35 En soutenant la mise en place d’un mécanisme d’appel et d’un possible réexamen préalable des rapports des groupes spéciaux, le Canada a contribué à renforcer l’un des aspects fondamentaux du règlement des différends de l’OMC: la sécurité juridique et la prévisibilité des décisions.Footnote 36 Ces réformes ont permis d’assurer une jurisprudence plus cohérente et d’éviter des interprétations contradictoires des règles commerciales multilatérales. Aujourd’hui, malgré la crise de l’OA, l’importance de ces avancées demeure incontestée et témoigne du rôle clé du Canada dans la structuration d’un système commercial mondial fondé sur la règle de droit.

4. L’engagement continu du Canada en faveur de l’Organe de règlement des différends depuis 1995

Depuis l’institutionnalisation de l’OMC en 1995, le Canada a fait preuve d’un engagement constant en faveur du règlement multilatéral des différends. Son implication ne s’est pas limitée aux négociations ayant conduit à la création de l’ORD; elle s’est poursuivie au fil des années, à travers une participation active aux procédures, ainsi que par la contribution d’experts canadiens au sein des groupes spéciaux et de l’OA. Cette partie examine ainsi la contribution continue du Canada à l’ORD, tant par son expertise et sa participation aux différends commerciaux, que par son leadership dans la défense d’un mécanisme obligatoire et contraignant, garant de la prévisibilité et de la sécurité juridique du système commercial multilatéral.

A. L’implication du Canada et de ses experts dans les procédures de règlement des différends à l’OMC

Commençons ici par rendre hommage aux Canadiennes et Canadiens qui, par leurs contributions, ont joué un rôle clé au sein de l’ORD: Parmi ces personnalités figurent Elaine Feldman et Debra Steger, négociatrices canadiennes sur la création du système de règlement des différends.Footnote 37 Feldman était basée à Genève, alors que Steger était basée à Ottawa. Après l’entrée en vigueur de l’OMC et son ORD, Steger a été la première directrice du Secrétariat de l’Organe d’Appel (OA) de 1995 à 2001. Elle a instauré plusieurs pratiques de gestion des différends et règles de travail qui perdurent encore aujourd’hui.Footnote 38 John Weekes a été président du Conseil général de l’OMC en 1998 (et avait été président du Conseil du GATT en 1993). Ambassadeur du Canada auprès de l’OMC de 1995 à 1999, il a également présidé le Groupe spécial chargé de résoudre le différend entre l’Inde et les États-Unis concernant les importations automobiles.Footnote 39 John Gero a été président de l’ORD en 2009 et l’année suivante président du Conseil général. Jonathan Fried a été président de l’ORD en 2013 et en 2014, il fut président du Conseil général. Valerie Hughes a occupé des fonctions clés à l’OMC, d’abord en tant que directrice du Secrétariat de l’OA de 2001 à 2005, puis en tant que directrice de la Division des affaires juridiques de 2010 à 2016. Enfin, une référence peut être faite à tous les experts canadiens de l’ombre qui ont ou qui travaillent pour le Secrétariat de l’OMC.Footnote 40

Outre ces quelques personnalités, le Canada a fourni un important contingent d’experts dont le rôle fut déterminant dans les groupes spéciaux et l’OA. En 2019, Valérie Hughes soulignait que “[m]ore than 250 individuals have served as WTO panellists since 1995. Twenty-two different Canadians have served as WTO panellists so far, which is more in total than from any other WTO member.”Footnote 41 À ce jour, sur 332 panélistes, vingt-trois étaient canadiens.Footnote 42 La renommée canadienne se singularise également par la diversité de ses acteurs en termes de genre et de domaines d’expertises. On y distingue des diplomates de haut niveau, des universitaires spécialisés, des praticiens, ainsi que des anciens ministres du Commerce et négociateurs commerciaux. Le Canada détient, d’ailleurs, le record du nombre de femmes ayant servi comme panélistes, avec cinq Canadiennes ayant contribué à des panels, dont l’une à sept reprises.Footnote 43

Force est également de reconnaître que le Canada a été particulièrement proactif dans les procédures de règlement des différends. Il se classe au troisième rang des 166 membres de l’OMC en termes de nombres de différends portés devant l’ORD comme plaignant, et au sixième rang pour le nombre de différends en tant que défendeur.Footnote 44 À ce jour, le Canada a initié quarante-quatre affaires, dont vingt-trois contre les États-Unis et neuf contre l’Union européenne.Footnote 45 En tant que défendeur, le Canada a été impliqué dans vingt-quatre différends, dont huit ont été initiés par les États-Unis, six par l’Union européenne et quatre par le Brésil.Footnote 46 De plus, nous remarquons que le Canada a joué un rôle important en tant que tierce partie, en participant à un total de 181 différends.Footnote 47 Le nombre significatif de différends auxquels le Canada a participés fait que son importance sur l’interprétation du droit de l’OMC ne peut être ignorée. Toutefois, du fait que les Groupes spéciaux et l’Organe d’appel suivent généralement leur propre raisonnement et que les arguments du Canada pouvaient être repris des parties tierces ou soutenus par elles, il est sans doute difficile de définir la contribution spécifique du Canada sur l’interprétation du droit de l’OMC.

B. Le leadership du Canada face à la crise de l’Organe de règlement des différends

En dépit des nombreuses évolutions qu’a connues le mécanisme de règlement des différends et malgré les résultats incontestables qu’il a livrés, force est de reconnaître que l’ORD n’a sans doute pas encore atteint sa forme finale. Si l’histoire est un éternel recommencement, revoilà le système commercial multilatéral plongé dans la crise de confiance qu’il avait traversé dans les années 1980. Et pour cause, depuis 2019, l’OA de l’OMC ne peut plus traiter de nouvelles affaires, offrant ainsi la possibilité au Membre d’échapper aux rapports qui lui sont défavorables en laissant périr la procédure au stade d’un appel qui ne peut pas être entendu.Footnote 48 Ce blocage de l’OA entraîne un dysfonctionnement de l’ensemble de l’ORD et cette incertitude majeure qui en résulte peut à terme éroder l’effectivité du système commercial multilatéral. Cette paralysie découle principalement du blocage par les États-Unis de la nomination de nouveaux membres de l’OAFootnote 49 sous couvert de plusieurs griefs qui leur sont adressés.Footnote 50

Dans ce contexte de crise, le Canada a joué un rôle déterminant dès 2016 en initiant des discussions visant à renforcer l’efficacité du système de règlement des différends de l’OMC. Dans un document distribué le 11 juillet 2016, le Canada incitait alors les Membres à participer à un “mécanisme pour l’élaboration, la documentation et la communication de pratiques et procédures pour le déroulement des différends.”Footnote 51 Le Canada appelait à l’instauration d’un mécanisme de coopération entre les Membres pour la mise en place de pratiques et procédures de travail novatrices pour les groupes spéciaux auquel il a grandement contribué.Footnote 52 À partir de 2018, le Canada a également été à l’initiative du Groupe d’OttawaFootnote 53 dont le but est de faire face aux défis qui pèsent sur le système commercial multilatéral, contribuant ainsi à une réforme globale de l’OMC qui ne se limite pas seulement au renforcement du mécanisme de règlement des différends.Footnote 54

Le Canada peut aussi revendiquer la paternité de l’Arrangement multipartite pour une procédure arbitrale d’appel provisoire (AMPA).Footnote 55 En effet, l’engagement du Canada s’est intensifié au moment où les Membres de l’OMC ont été confrontés à un OA inopérant. Dès juillet 2019, le Canada et l’Union européenne avaient signé un accord bilatéral permettant de recourir à l’arbitrage en cas de différend à l’OMC, anticipant ainsi l’hypothèse où l’OA viendrait à ne plus pouvoir siéger.Footnote 56 En avril 2020 cette fois, dix-neuf membres, dont le Canada et l’Union européenne (ainsi que ses vingt-sept États membres), ont notifié à l’ORD leur intention de recourir à un “Arrangement multipartite concernant une procédure arbitrale d’appel provisoire.”Footnote 57 Avec cette procédure, les membres qui ont signé l’AMPA renoncent à leur droit de faire appel devant l’OA de l’OMC et bénéficient d’une procédure devant un tribunal arbitral, conformément à l’article 25 du Mémorandum de 1994, qui supplée l’OA jusqu’à ce que ce dernier puisse siéger de nouveau. L’AMPA a ainsi été instauré en raison de “circonstances extraordinaires” afin d’éviter le scénario de l’appel dans le “vide” et de préserver un système de règlement des différends à deux niveaux.Footnote 58 Depuis son lancement, huit autres membres ont adhéré à l’AMPA, portant à cinquante-quatre le nombre total de participants.Footnote 59 L’AMPA regroupe dix arbitres et chaque affaire est entendue par trois d’entre eux à la fois. Valerie Hughes du Canada est l’un d’eux. L’AMPA n’est certes pas une solution universelle, mais il a eu des effets positifs, notamment dans le règlement rapide du différend Colombie – Frites surgelées (DS591). Footnote 60 Cette initiative se veut aussi inclusive puisque ses procédures peuvent également être utilisées sur une base ad hoc, par des membres de l’OMC qui ne sont pas parties à l’AMPA. Ce fut notamment le cas de la Turquie dans un différend l’opposant à l’Union européenne.Footnote 61 Il est aussi possible d’évoquer les deux différends où les parties, également membres de l’AMPA, s’étaient abstenues de faire appel du rapport des groupes spéciaux.Footnote 62

Le fonctionnement de l’AMPA est essentiellement basé sur celui de l’OA en termes de procédures mais certaines améliorations ont été mises en place, notamment pour rationaliser les procédures. Afin de respecter les délais qui sont impartis aux arbitres, ils ont la possibilité de prendre des mesures organisationnelles qui peuvent inclure des limites du nombre de pages, de temps et de dates pour la remise des communications écrites et orales.Footnote 63 Les arbitres peuvent aussi suggérer d’exclure les griefs fondés sur l’absence d’évaluation objective des faits qui devait être réalisée par le groupe spécial en ce que de telles allégations amènent bien souvent l’OA à réévaluer inutilement les faits de la cause.Footnote 64 Aussi, nous avons pu constater dans l’affaire Colombie – Frites surgelées (DS591), la mise en place à l’initiative des arbitres d’une audience préparatoire afin de déterminer les questions qui devaient être abordées par les parties lors de l’audience.Footnote 65 Il est intéressant de noter que les aménagements procéduraux qui ont été apportés par l’AMPA sont intégrés dans les négociations actuelles pour la réforme de l’ORD.Footnote 66 Dans ces discussions, même certains éléments de la proposition du Canada de 1990 qui a mené à la création de l’OAFootnote 67 sont repris, comme la possibilité d’intégrer un mécanisme de filtrage des appels.Footnote 68 Encore aujourd’hui, le Canada participe très activement dans les travaux de négociations pour réformer le système de règlement des différends, puisqu’un des six coorganisateurs des négociations, Stacy-Paul Healy, est membre de la délégation canadienne.Footnote 69

5. Conclusion

Si le Canada a été un acteur clé dès les premières heures du GATT, il s’est progressivement imposé comme un contributeur incontournable au renforcement des procédures de règlement des différends du GATT et de l’OMC, en plaidant pour un système obligatoire et quasi judiciaire, fondé sur la règle de droit. L’influence que le Canada a pu avoir sur l’évolution du mécanisme de règlement des différends s’explique aussi par sa place particulière dans l’échiquier politique. Il était à la fois membre du groupe de la PaixFootnote 70 et de la Quad,Footnote 71 Feldman explique ainsi que le Canada pouvait dire à la Quad ce que le groupe de la Paix pensait et pouvait faire part à ce même groupe des points de vue de la Quad étant ainsi au cœur de la recherche du consensus. Toutefois, son engagement n’a pas attendu l’ouverture du cycle d’Uruguay: il a joué un rôle moteur dans la consolidation des règles dès les premières réformes du GATT, avant de s’investir activement dans les négociations qui ont abouti à la création de l’ORD, et enfin, il a poursuivi son engagement en défendant l’ORD face aux défis contemporains. Ainsi, à travers son long engagement, le Canada a joué un rôle essentiel pour renforcer et préserver l’intégrité et l’efficacité du mécanisme de règlement des différends du système commercial multilatéral.

Face aux difficultés rencontrées par le système de règlement des différends de l’OMC, le Canada s’est distingué par une approche pragmatique en proposant la Déclaration sur un mécanisme pour l’élaboration, la documentation et la communication de pratiques et procédures pour le déroulement des différends. Cette initiative, fondée sur le volontariat, permet aux membres qui le souhaitent de s’accorder sur des modalités procédurales adaptées à leurs besoins spécifiques. Sans remettre en cause les règles existantes, elle offre une flexibilité bienvenue, en contribuant à une meilleure efficacité du système et en facilitant le règlement des différends dans un esprit de coopération. En ce sens, elle s’inscrit dans une dynamique constructive visant à répondre aux limites actuelles du système, sans exiger une réforme institutionnelle globale, dont la perspective reste incertaine à ce jour.

Cette démarche illustre également une évolution plus large de l’OMC, qui, faute de parvenir à des résultats pleinement multilatéraux, tend à se transformer progressivement en un forum multilatéral au sein duquel émergent des sous-groupes ouverts, porteurs de solutions concrètes et inclusives lesquelles pourront évoluer vers des accords qui lieront tous les membres OMC et même devenir éventuellement universels. Ce qui demeure extraordinaire, c’est le dévouement, et la fidélité du Canada pour tous les systèmes d’échanges, de collaboration, de développement et de règlement des différends.

Footnotes

Les auteurs souhaitent présenter leurs remerciements à Philippe Cellard, Delphine Ducasse, Elaine Feldman, Jonathan Fried, Valérie Hughes, Marie-Joséphine Kadjo, Debra Steger et John Weekes pour leurs commentaires ainsi que pour le récit de leurs expériences de négociatrices et négociateurs.

References

1 Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, 30 Octobre 1947, 55 RTNU 194 (appliqué provisoirement: 1 Janvier 1948) [GATT de 1947].

2 Décision du 5 avril 1966 sur la procédure d’application de l’article XXII, GATT PC Déc L/2644 (1966) aux paras 5, 7. Cette décision établit notamment la procédure des groupes spéciaux et précise qu’il appartient aux parties contractantes (décidant par consensus) de procéder à la constitution d’un groupe spécial et à l’adoption des recommandations. Elle prévoit aussi que la nomination des experts se fait sur consultation et avec l’approbation des parties contractantes intéressées et avec leur approbation.

3 VanGrasstek, Craig, Histoire et avenir de l’Organisation mondiale du commerce, Genève, Organisation mondiale du commerce, 2016, à la p 52 Google Scholar.

4 Si, en théorie, chaque partie contractante a la possibilité de bloquer le consensus, l’expérience a montré que cela restait une pratique réservée aux principales puissances commerciales. Voir notamment Hudec, Robert E, Enforcing International Trade Law: The Evolution of the Modern GATT Legal System, Salem, OH, Butterworth Legal Publishers, 1993 Google Scholar.

5 GATT de 1947, supra note 1.

6 Décision du 5 avril 1966 sur la procédure d’application de l’article XXII, GATT PC Déc L/2644 (1966). Rappelons que cette décision établit la procédure de règlement des différends par groupes spéciaux ad hoc.

7 Mémorandum d’accord concernant les notifications, les consultations, le règlement des différends et la surveillance, GATT PC Déc L/4907 [Mémorandum de 1979]. Ce premier mémorandum avait principalement pour vocation à consolider les pratiques antérieures.

8 Ibid.

9 Accord relatif à la mise en œuvre de l’article VI de l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, GATT Doc L/TR/A/1 (1979), art 15, para 5.

10 Lors des quinze dernières années du GATT, de 1980 à 1995, il y a eu 207 différends soit près de deux fois plus que durant ses trente premières années. Voir Organisation mondiale de commerce (OMC), GATT Disputes: 1948–1995, vol 1, Genève, WTO Publications, 2018 à la p 8.

11 Communication du Canada, GATT Doc PREP.COM/W/8 (1982).

12 Communication du Canada, GATT Doc PREP.COM/W/18 (1982) [Communication du Canada (1982)].

13 Déclaration ministérielle sur les négociations d’Uruguay, GATT PC Déc MIN.DEC (1986).

14 Richard Ouellet, Le rôle du Canada dans l’évolution institutionnelle et substantive du système GATT/OMC, dans Centre for International Governance Innovation, Document de travail n° 24 (2018) à la p 24.

15 Déclaration de S.E. M. John M. Weekes Ambassadeur, Représentant permanent, GATT Doc SR.44/ST/5 (1988).

16 On raconte informellement que le projet venait de la négociatrice canadienne Elaine Feldman, qui avait convaincu les pays amis de participer à la circulation de cette proposition.

17 Dispute Settlement Proposal from a number of countries, GATT Doc MTN.GNG/NG13/W/30 (1988). Feldman explique que cette proposition a été négociée à Genève mais qu’Ottawa a refusé à la dernière minute d’endosser la paternité de celle-ci, c’est la raison pour laquelle elle est restée une Communication d’un groupe anonymes de parties.

18 Mémorandum d’accord sur les règles et procédures régissant le règlement des différends, 15 avril 1994, 1915 RTNU 104, art 16 para 4 (entrée en vigueur: 1er janvier 1995) [Mémorandum de 1994].

19 Proposition d’un certain nombre de délégations sur les procédures de règlement des différends, GATT Doc L/5718 (1984).

20 Communication du Canada (1982), supra note 12.

21 Le groupe spécial ne rend pas de décision ou d’arrêt, il ne fait que soumettre des recommandations au Conseil du GATT et maintenant à l’Organe de règlement des différends auquel il appartient d’adopter le rapport.

22 Communication du Canada sur l’adoption et la mise en œuvre des rapports des groupes spéciaux, GATT Doc L/5720 (1984).

23 Mémorandum de 1994, supra note 18.

24 Comité des négociations commerciales réuni à l’échelon ministériel, Montréal, décembre 1988, GATT Doc MTN.TNC/7(MIN) (1988).

25 Décision du 12 avril 1989 sur les améliorations des règles et procédures de règlement des différends du GATT, GATT PC Déc L/6489 (1989).

26 Ibid (la décision précise que “[l]a pratique de l’adoption des rapports des groupes spéciaux par consensus sera maintenue”).

27 William J Davey, “WTO Dispute Settlement: Crown Jewel or Costume Jewelry?” (2022) 21:3 World Trade Rev 291.

28 Marceau, Voir Gabrielle, éd, A History of Law and Lawyers in the GATT/WTO: The Development of the Rule of Law in the Multilateral Trading System, Cambridge, Cambridge University Press, 2015 10.1017/CBO9781316048160CrossRefGoogle Scholar.

29 Communication des délégations de l’Argentine, du Canada, de Hong Kong, de la Hongrie, du Mexique et de l’Uruguay, GATT Doc MTN.GNG/NG13/W/16 (1987).

30 Communication du Canada, GATT Doc MTN.GNG/NG13/W/13 (1987).

31 Communication du Canada, GATT Doc MTN.GNG/NG13/W/41 (1990) [Communication du Canada (1990)].

32 Communication du Canada (1982), supra note 12.

33 “Celui-ci examinerait les questions soulevées par l’appelant et déciderait si l’affaire justifie un examen en appel.” Voir Communication du Canada (1990), supra note 31 à la p 4.

34 Mémorandum de 1994, supra note 18, art 15 (Phase de réexamen intérimaire), art 17 (examen en appel).

35 Draft Final Act Embodying the Results of the Uruguay Round of Multilateral Trade Negotiations, GATT Doc MTN.TNC/W/FA (1991), art 13 (Interim Review Stage) et art 15 (Appellate Review). L’expression “Dunkel Draft” découle du nom de son rédacteur, Arthur Dunkel, qui était le directeur général du GATT de 1980 à 1993. Alors que les négociations du cycle d’Uruguay duraient, il a pris l’initiative en 1991 de rassembler les résultats ainsi qu’une réponse équilibrée aux questions encore en suspens dans un projet d’acte final.

36 Mémorandum de 1994, supra note 18, art 3 para 2: “Le système de règlement des différends de l’OMC est un élément essentiel pour assurer la sécurité et la prévisibilité du système commercial multilatéral.”

37 Elaine Feldman a été la négociatrice canadienne sur le règlement des différends durant les premières années du cycle d’Uruguay et notamment lors de la réforme intérimaire. Debra Steger était par la suite la négociatrice principale sur le règlement des différends et l’institutionnalisation de l’OMC de 1990 à 1993. Elle a aussi initié les négociations sur la création de l’OMC avec Christoph Bail de la délégation de l’Union européenne.

38 OMC, Procédures de travail pour l’examen en appel, OMC Doc WT/AB/WP/1 (1996). Il s’agit des règles de procédures, du calendrier applicable aux appels et de certaines exigences relatives à la prise de décision comme la collégialité. Pour le récit de l’établissement de l’Organe d’appel, voir Steger, Debra, “The Founding of the Appellate Body” dans Marceau, Gabrielle, éd, A History of Law and Lawyers in the GATT/WTO: The Development of the Rule of Law in the Multilateral Trading System, Cambridge, Cambridge University Press, 2015 à la p 447 10.1017/CBO9781316048160.034CrossRefGoogle Scholar.

39 VanGrasstek, supra note 3 à la p 632.

40 Pour un débat sur l’influence du Secrétariat, voir Joost Pauwelyn et Krzysztof Pelc, “Who Guards the ‘Guardians of the System’? The Role of the Secretariat in WTO Dispute Settlement” (2022) 113:3 Am J Intl L 534; Gabrielle Marceau et Akshaya Venkataraman, “Unmasking the Phantom of the Opera: Is there a Hidden Secretariat in the WTO Dispute Settlement System?” (2022) H-S Am J Intl L 395.

41 Hughes, Valerie, Canada: A Key Player in WTO Dispute Settlement, Centre for International Governance Innovation, Document de travail (2018) à la p 11 Google Scholar.

42 Terry Collins-Williams, Armand De Mestral, Germain Denis, Ronald Erdmann, Elaine Feldman, Heather Forton, Serge Frechette, Gilles Gauthier, Michael Gifford, Richard Gottlieb, Kirsten Hillman, Valerie Hughes, Matthew Kronby, Gilles Le Blanc, Brendan McGivern, John McNab, Bruce McRae, Donald McRae, Pierre Pettigrew, Gerry Salembier, Debra Steger, Greg Tereposky et John Weekes.

43 Elaine Feldman, ancienne représentante permanente adjointe du Canada auprès de l’OMC, a servi dans six groupes spéciaux et a été confirmée en décembre 2024 comme membre de son septième groupe spécial dans le différend États-Unis – IRA (DS623). Valérie Hughes a servi dans deux groupes spéciaux. Heather Forton et Kirsten Hillman, toutes deux anciennes déléguées canadiennes auprès de l’OMC, ont chacune servi une fois de même que Debra Steger.

44 L’analyse des données statistiques fournies par l’OMC démontre que, malgré sa position d’économie intermédiaire, le Canada figure parmi les membres ayant le plus eu recours à l’Organe de règlement des différends (ORD). Voir “Règlement des différends — les différends — Différends par pays/territoire,” en ligne: OMC <www.wto.org/french/tratop_f/dispu_f/dispu_by_country_f.htm> (consulté le 09 avril 2025).

45 Ibid.

46 Ibid.

47 Ibid.

48 En février 2025, il y a trente-deux procédures de règlement des différends qui sont actuellement bloqués en instance d’appel.

49 Une coalition de membres comprenant le Canada a déposé une proposition en date de septembre 2023 visant à désigner de nouveaux membres de l’Organe d’appel. Voir OMC, Désignation des membres de l’Organe d’appel, OMC Doc WT/DSB/W/609/Rev.26 (2023). À la réunion de l’ORD de décembre 2024, les États-Unis se sont opposés pour la 82ème fois à cette proposition. Voir OMC, Compte rendu de la réunion de l’Organe de règlement des différends du 18 décembre 2024, OMC Doc WT/DSB/M/496 (2024) au para 7.4.

50 Les principaux griefs des États-Unis portent sur la lenteur des procédures, la modification des droits et obligations des membres, l’utilisation quasi systématique du mécanisme d’appel, la pratique de l’organe d’appel de ne pas se limiter au réexamen des questions de droit nécessaires à la résolution du différend ainsi que la tendance à instaurer une certaine forme de précédents. Pour plus d’information, voir Union européenne, Office of the United States Trade Representative, Report on the Appellate Body of the World Trade Organization (2020).

51 OMC, Déclaration sur un mécanisme pour l’élaboration, la documentation et la communication de pratiques et procédures pour le déroulement des différends à l’OMC, OMC Doc JOB/DSB/1 (2016).

52 La semaine suivant sa proposition initiale, le Canada suggérait notamment de travailler sur la rationalisation des procédures (JOB/DSB/1/Add.5), sur la participation des tierces parties (JOB/DSB/1/Add.4) ou encore sur la transparence des procédures (JOB/DSB/1/Add.3). L’année suivante, le Canada a aussi proposé de travailler sur la composition des groupes spéciaux (JOB/DSB/1/Add.7) ou sur le dépôt électronique des pièces et communications (JOB/DSB/1/Add.8).

53 Il y a quatorze membres de l’OMC qui participent aux discussions du groupe d’Ottawa (Australie, Brésil, Canada, Chili, Union européenne, Japon, Kenya, Corée du Sud, Mexique, Nouvelle-Zélande, Norvège, Singapour, Suisse et Royaume-Uni).

54 Pour plus d’information sur les contributions du Groupe d’Ottawa, voir Canada, Affaire Mondiale, “Réforme de l’OMC: le Canada et le Groupe d’Ottawa,” en ligne: <www.international.gc.ca/world-monde/international_relations-relations_internationales/wto-omc/ottawa-group-groupe.aspx?lang=fra>.

55 “Geneva Trade Platform,” en ligne: WTO Plurilaterals <wtoplurilaterals.info/plural_initiative/the-mpia/> (consulté le 9 avril 2025).

56 OMC, Communication du Canada et de l’Union européenne, Procédure arbitrale d’appel provisoire conformément à l’article 25 du Mémorandum d’accord sur le règlement des différends, OMC Doc JOB/DSB/1/Add 11 (2019).

57 OMC, Communication de l’Australie, et al concernant un Arrangement multipartite concernant une procédure arbitrale d’appel provisoire conformément à l’article 25 du Mémorandum d’accord sur le règlement des différends, OMC Doc JOB/DSB/1/Add.12 (2020) [AMPA].

58 Nicolas Gervais et André-Philippe Ouellet, “L’échapper belle: AMPA ou MPIA. Quatre lettres au secours du système de règlement des différends à l’OMC” (2019) 32:2 RQDI 29 à la p 35.

59 Les Philippines sont le dernier membre à avoir intégré l’arrangement en mai 2024. Pour la liste complète des parties, voir “Geneva Trade Platform,” supra note 55.

60 OMC, Colombie – Droits antidumping sur les frites congelées en provenance d’Allemagne, de Belgique et des Pays-Bas (Plainte de l’Union européenne), OMC Doc WT/DS591/ARB25 (2022) (Décision des arbitres).

61 OMC, Turquie – Certaines mesures concernant la production, l’importation et la commercialisation de produits pharmaceutiques (Plainte de l’Union européenne), OMC Doc WT/DS583/ARB25 (2022) (Décision des arbitres).

62 Voir les affaires OMC, Costa Rica – Mesures concernant l’importation d’avocats frais en provenance du Mexique (Plainte du Mexique), OMC Doc WT/DS524/5 (2020) (Accord d’arbitrage); OMC, Australie – Mesures antidumping et compensatoires visant certains produits en provenance de Chine (Plainte de la Chine), OMC Doc WT/DS603/4 (2022) (Accord d’arbitrage).

63 AMPA, supra note 57, Annexe 1, para 12.

64 Ibid, para 13. Les Groupes spéciaux et l’Organe d’appel avaient déjà la possibilité d’écarter certaines questions en invoquant le principe d’économie jurisprudentielle.

65 Colombie – Frites surgelées, supra note 60 au para 1.11, 1.12.

66 OMC, Rapport de M Peter ØLBERG, Président de l’ORD, OMC Doc JOB/GC/385 (2024), chapitre IV (concision et respect des délais).

67 Communication du Canada (1990), supra note 31.

68 OMC, Point 11 à l’ordre du jour: Processus de réforme du règlement des différends, OMC Doc JOB/GC/DSB/5 (2024) aux 20–23.

69 OMC, Compte rendu de la réunion des chefs de délégation du 30 mai 2024, OMC Doc WT/GC/DSR/M/1 (2024).

70 Il s’agissait d’un groupe de treize petites et moyennes parties contractantes (qui n’incluait pas les Communautés européennes et les États-Unis) et qui se réunissait à intervalle régulier pour avancer sur les enjeux du cycle d’Uruguay.

71 La quadrilatérale “quad” était un groupe informel créé en 1982 après les déboires de la réunion ministérielle de 1982 réunissant le Canada, le Japon, les Communautés européennes et les États-Unis.