Partis tous deux d’une conception dynamique de l’équilibre comme état stationnaire d’un processus d’ajustement, Walras et Marshall débouchent sur des caractéristiques statiques différentes de l’équilibre comme un état assurant la compatibilité des actions, pour le premier, la conformité des anticipations et des réalisations, pour le second. La distinction des concepts d’équilibre des deux auteurs est liée à la différence des modes de traitement du temps, particulièrement en ce qui concerne la production : à l’instantanéité walrasienne s’oppose l’emboîtement des périodes marshalliennes, dont la durée n’est jamais absente. On remarque également que l’équilibre anticipatif marshallien est en fait un équilibre d anticipations rationnelles, en ce sens que les agents marshalliens utilisent correctement les informations exogènes disponibles pour former leur prévisions sur les prix. Cela est particulièrement clair dans le contexte du fonctionnement des marchés, où l’information reste décentralisée, à l’opposé de ce qui se passe chez Walras, mais est efficacement exploitée par des intermédiaires professionnels.