Trois histoires de province, — trois livres qui ne se ressemblent guère. — Il est loisible de ne pas tout aimer dans la « Savoie » de Mr Henri Menabrea. Un petit grain de fantaisie de trop, m'a-t-il semblé, dans les débuts ; quelques longueurs dans l'exposé de la grande politique du XVIIIe siècle ; sur Joseph de Maistre, un chapitre décevant, où les allusions, trop souvent, prennent la place des faits précis, qui eussent permis de camper, comme elle le méritait, cette curieuse figure ; çà et là des considérations inutilement moralisantes, qui alourdissent l'exposé…. Mais comment ne pas être conquis par cet allant et ce sens de l'humain ? L'ouvrage ne se contente pas d'instruire ; il amuse, au bon sens du mot ; ce n'est pas une qualité qui coure les rues, ou les bibliothèques. Sur la Champagne, Mr René Crozet nous a donné un livre soigneux, utile et clair ; un livre bien sage, en un mot, peut-être trop sage; on a l'impression, constamment, d'un élan jalousement contenu, de fenêtres à demi ouvertes sur une histoire plus large et tout aussitôt prudemment refermées.